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Jacques Villé                    5 mars 2002

 

 

 

Modèle de l'Homme dans le Royaume de Dieu sur terre

 

1. C'est une de mes préoccupations anciennes

 

Quelques années après la fin de la deuxième guerre mondiale, la reprise économique au moins dans le monde occidental, l'accélération du progrès scientifique et de ses applications pouvaient laisser croire qu'on arriverait assez rapidement à un monde meilleur où le bonheur des hommes se généraliserait à toute la planète sans conflit majeur grâce aux retombées de l'extraordinaire progrès technique et une meilleure sagesse des hommes à la suite de la terrible expérience des deux derniers conflits mondiaux.

 

On pouvait penser que l'atteinte d'un tel bonheur généralisé était en quelque sorte l'aboutissement d'un processus attendu depuis plusieurs siècles de réalisation d'un Royaume de Dieu sur terre.

 

C'est ce que je croyais en tout cas mais je n'étais pas le seul. Ce que je voyais sous mes yeux de la progression du bonheur dans mon pays la France concernait plus particulièrement les aspects matériels du bonheur dans un environnement de plus en plus individualiste de sorte que le modèle d'Homme qui pouvait en résulter était dans sa grande généralité celui d'un homme passablement égoïste, mu par la satisfaction de besoins élémentaires et pulsions souvent de bas niveau et répondant beaucoup plus aux sollicitations démagogiques et primaires de l'environnement plutôt qu'à des exigences élevées de réalisation de sa personnalité par la maîtrise de ses besoins et pulsions primitives de façon à pouvoir atteindre, moyennant si nécessaire de grands sacrifices, des buts supérieurs, dans l'intérêt de la Création, dépassant largement son propre intérêt personnel.

 

Pour moi qui avais été séduit comme beaucoup d'autres par la philosophie du devoir et des hautes réalisations morales des modèles d'homme que nous décrivait Antoine de Saint-Exupéry dans ses ouvrages, je me demandais ce qu'allait devenir l'espèce humaine dans ce contexte de grandes facilités qui allaient lui être offertes, ce dont je ne doutais nullement.

 

En 2 001, les perspectives immédiates de bonheur généralisé sont lointaines et incertaines, l'avenir apparaît encore très sombre, avec de nombreux conflits actuels et potentiels pouvant conduire au désastre planétaire et avec des déséquilibres économiques toujours très importants à l'échelle de la planète qui ne semblent pas facilement se résorber.

 

Le Royaume de Dieu est encore loin d'être mis en place et la préoccupation sur le devenir de la personnalité humaine dans un monde de profusion générale pourrait paraître dérisoire par rapport à tous les problèmes de notre époque qui restent à régler.

 

Je crois néanmoins que cette question reste importante et d'actualité car les orientations qui seraient à prendre pour protéger et développer une conception exigeante de la personnalité humaine dans le monde matérialiste et individualiste qui se développe devant nous sont des actions de long terme qui doivent être préparées, réfléchies et convenues longtemps à l'avance à une échelle planétaire.

 

2. Risque d'un type d'Homme dégradé

 

Les tendances actuelles privilégient l'individualisme, l'intérêt pour soi c'est-à-dire l'égoïsme, la satisfaction de besoins matériels immédiats, l'appel à ses pulsions les plus élémentaires.

 

Si ces tendances se poursuivent lors de la construction d'un monde où tous les Hommes accéderaient aux biens matériels qui leur donneraient une vie très confortable dans la profusion des biens, sans douleur ni besoin d'effort et sans souci d'insécurité, il est très probable que l'Homme insuffisamment sollicité par d'autres exigences s'orientera vers une vie de luxe sans effort, en perdant progressivement ses capacités d'innovation, de création, de progrès et d'intérêt à ce qui ne le sert pas directement.

 

Il est plus que probable que dans cette situation, la qualité de l'espèce humaine se dégrade et que l'espèce elle-même dégénère.

 

En tout cas, il y aurait un problème avec Dieu. Dieu favorise les plus démunis, ceux qui ont le plus de besoins, il apprécie les altruistes et dévalorise les riches, l'argent, les égoïstes.

 

Qu'en serait-il dans un monde où les hommes dans leur ensemble seraient pourvus de biens suffisants, n'auraient plus de besoins et n'aspireraient plus à de nouveaux progrès?

 

La réponse est le refus non pas du bonheur pour tous les hommes qui reste un objectif mais de la situation de dégénérescence qui pourrait en résulter, en recherchant les moyens de pallier cette dégénérescence dans un Royaume de Dieu sur terre enfin à portée de la main.

 

 

 

 

3. Quel modèle d'avenir pour l'Homme?

 

L'Homme dans une société de profusion générale ne doit pas s'avachir mais au contraire continuer à s'élever en jouant un rôle actif dans le perfectionnement harmonieux de la Création en mettant en œuvre toutes ses qualités intellectuelles et morales.

 

L'organisation de la société est nécessaire pour solliciter les motivations adéquates et utiliser au maximum les possibilités de l'éducation:

 

-Culte de l'effort, du dynamisme, de l'esprit inventif dans un esprit suffisamment désintéressé et non pas mu par l'intérêt particulier, esprit sportif, valorisation de ces qualités dans l'opinion publique

 

-Renforcement des exigences vis-à-vis de soi, maîtrise de soi, goût du sacrifice, recherche intense de la vérité, développement de l'esprit de justice, d'ouverture aux autres, valorisation de ces qualités dans l'opinion publique et éducation dans ce sens

 

-Valorisation dans l'opinion publique de l'altruisme, de l'intérêt que l'on porte aux autres, aux animaux, à la Nature, aux générations futures, au lien d'héritage avec les générations passées, sentiment d'appartenance à une Création continue qui se perfectionne dans l'harmonisation, éducation dans ce sens

 

A contrario, l'esprit de lutte pour soi, d'agressivité doit être fortement dévalorisé dans l'opinion publique et l'éducation pour réussir le programme précédent ce qui peut avoir pour conséquence une perte de la pulsion de lutte pour la vie et peut-être d'intérêt même pour la vie.

 

Si l'éducation ne suffit pas pour restreindre suffisamment les pulsions d'agressivité, il faudra rechercher dans la biogénétique les moyens de réduire ces pulsions sans entraîner pour autant une perte d'intérêt même pour la vie.

 

Cela peut se faire par le développement de contreparties dans l'intérêt porté à la vie, par exemple par l'approfondissement des facultés intellectuelles de l'Homme, le développement notamment de ses facultés artistiques, du goût de la musique et des autres arts, en faisant particulièrement attention à ne pas se raccrocher aux jeux qui font sortir de la réalité ou qui exploitent les mauvais instincts, notamment d'agressivité que l'on cherche justement à restreindre.

 

Tout un programme dont les idées émises ci-dessus sont loin d'être exhaustives ou définitives.

 

Il y a lieu de s'en préoccuper dès maintenant à l'échelle planétaire car l'avenir de l'espèce humaine et de la planète est en jeu.

 

L'arrivée d'un Royaume de Dieu sur terre, celui d'un Dieu bon pour tous, compatissant, qui pardonne, tout en étant très exigeant sur le plan moral mais tolérant aux rites particuliers quand ils ne sont pas contraires à l'amour des hommes entre eux ou au respect des animaux et de la Nature, suppose une révision des tendances actuelles qui sont celles d'un monde surtout matérialiste et non humaniste, souvent injuste et cruel , à développement mal maîtrisé des biens matériels et fortement actionné par l'individualisme, le chacun pour soi, l'intérêt particulier des individus, des clans, des peuples, des groupes d'intérêt de toute espèce, par exemple de race ou de religion, voire des mafias, dans l'hypocrisie et sans recherche réelle de la vérité et de l'esprit de justice.